En raison de leur rentabilité substantielle et de leur délicatesse, les cultures de l’ananas-export et de la banane poyo en Côte d’Ivoire ont été pendant longtemps monopolisées par les planteurs européens. Même après l’indépendance, ce statut quo est préservé jusque dans les années 1980. Par contre, les planteurs africains ont été massivement encouragés à pratiquer les autres cultures d’exportation. L’historiographie des faits économiques postcoloniaux semble n’avoir pu déjouer cette ruse coloniale. En contrepoint de ces travaux, cet essai s’interroge, non pas sur l’histoire de la culture de l’ananas-export et de la banane poyo dans le pays, mais plutôt, sur l’organisation de leur commercialisation sur le marché international. Pour y arriver, il s’appuie sur la collecte et l’analyse de sources orales, imprimées et numériques, des ouvrages, des articles et des thèses. Elle analyse l’intervention de l’État dans l’organisation de l’exportation desdits fruits à travers la création de coopératives de commercialisation à partir de 1968. La gestion inadéquate des comptes d’exploitation de même que les conflits d’intérêts entre planteurs européens et africains ont eu raison de toutes ces structures. Finalement, en 1985, dans un contexte de crise économique et de désengagement de l’État du secteur productif, le secteur de l’ananas-export et de la banane poyo est libéralisé.

Mots-clés : Ananas, banane, commercialisation, exportation, Côte d’Ivoire.

Abstract: Because of their substantial profitability and delicacy, pineapple and poyo banana crops in Côte d’Ivoire were for a long time monopolized by European planters. Even after independence, this status quo was maintained until the 1980s. In contrast, African planters were massively encouraged to grow other export crops. The historiography of postcolonial economic facts seems to have been unable to foil this colonial ruse. As a counterpoint to this work, this essay does not examine the history of pineapple and poyo banana cultivation in the country, but rather the organization of their commercialization on the international market. To achieve this, it relies on the collection and analysis of oral, printed and digital sources, books, articles and theses. It analyzes the intervention of the State in the organization of the export of these fruits through the creation of marketing cooperatives from 1968 onwards. The inadequate management of operating accounts as well as conflicts of interest between European and African planters were the downfall of all these structures. Finally, in 1985, in the context of an economic crisis and the disengagement of the State from the productive sector, the pineapple export and poyo banana sector was liberalized.

Keywords: Pineapple, banana, marketing, exportation, Côte d’Ivoire.